La nécessité d’entretenir un réseau professionnel pour progresser dans l’organigramme continue de faire consensus auprès de deux tiers des cadres lorsqu’ils se réfèrent à un réseau idéalisé. Une récente enquête de HEC au Féminin, réalisée avec le Boston Consulting Group (BCG) et Ipsos*, met toutefois à jour des différences dans l’approche même de l’exercice, selon le sexe des personnes interrogées.
« L’année dernière, les résultats de notre étude sur les trajectoires de quatre promotions de diplômés nous avaient donné le sentiment que les femmes étaient mal à l’aise avec les réseaux, et nous voulions en savoir plus », explique Anne-Laure Frossard, responsable du Prix Trajectoires de HEC au Féminin, qui récompense l’exemplarité d’une carrière féminine. Après une enquête approfondie, assortie d’entretiens individuels menés auprès de cadres supérieurs et de la direction générale, il apparaît aujourd’hui que les femmes mettent davantage d’affect, de proximité et de disponibilité dans le réseautage.
Les femmes sont plus nombreuses à voir dans leur réseau professionnel un cercle restreint de personnes en qui elles ont « entièrement » confiance quand les hommes pensent à un « cercle relativement large de personnes à qui l’on peut rendre et demander service ». Plus impliquées dans la relation, les femmes ont, de fait, une vision plus chronophage de la pratique. In fine, même si hommes et femmes y trouvent de l’échange et du plaisir, « il y a une perception plus utilitaire du réseau chez les hommes », décode Vanessa Lyon, directeur associé au BCG. « Faire réseau est une composante de leur agenda professionnel. »
50 connaissances en moyenne
Une autre des différences quant à la perception du réseau tient au fait qu’« un homme s’en servira davantage pour faire avancer ses idées, faire adhérer à son projet parce qu’il estime être le meilleur, un sentiment que les femmes s’autorisent plus rarement », analyse Vanessa Lyon, l’une des animatrices du réseau mondial Women’s Initiative au sein du BCG. Avec un vivier de connaissances plus petit que celui des hommes (50 personnes en moyenne contre 72 pour les hommes), les femmes en sont aussi moins satisfaites. De là à dire qu’un bon réseau est nécessairement gros, il s’en faudrait de peu, mais plus d’un cadre sur deux estime en fait « ne pas avoir un bon réseau ».
Dans la pratique, que l’on soit un homme ou une femme, le réseau se construit surtout au gré des rencontres et des opportunités (85 %). Dans ce contexte, les réseaux sociaux se posent davantage en « réseau de connaissances » ou « nouvelle forme de carnet d’adresses » qu’en espace d’échanges, et apparaissent comme une pratique épisodique et plutôt passive.
La bonne nouvelle pour HEC au Féminin ? Le réseau féminin d’entreprise est jugé « indispensable » par plus des trois quarts des répondants qui en font l’expérience. Dynamique d’entraînement, source d’inspiration grâce aux rôles modèles, il ne va toutefois pas jusqu’à faire une carrière, encore moins une distinction. Ironie de l’histoire, parmi les quatre finalistes du Prix Trajectoires de HEC au Féminin, la lauréate 2015, Laurence Rigolini, secrétaire générale du groupe d’aéronautique ATR, est celle qui est apparue comme la plus en marge des réseaux. (Lire : Laurence Rigolini, super vendeuse d’hélicoptères et Femme HEC )
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